mercredi 2 juin 2010

Clochard cérébral !

"C'est une science divine et bien ardue que de savoir jouir loyalement de son être". Pierre Charron - De la sagesse.
Un (véritable) ami facebookien m'a fait hier le reproche d'avoir abandonné mon blog bien trop vite.
Ce coup de pied virtuel à mon derrière (non moins virtuel en ces circonstances) m'a donné l'envie de vous livrer et partager quelques pensées et réflexions dont mon esprit fait son quotidien depuis quelques mois.

Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j'erre ?
On y revient toujours. Ce sont bien, en définitive, LES questions les plus fondamentales auxquelles un besoin pressant et constant force à la réflexion permanente, enrichissante mais aussi tellement frustrante et éreintante.
Comme beaucoup d'autres avant moi et tellement d'autres à venir, je me pose sans cesse ces sempiternelles interrogations.
Certains y trouvent peut-être une forme de plaisir. Pour ma part, ce plaisir était intense lorsque j'étais plus jeune et insouciant. Avec l'âge, ces questions deviennent une source réelle d'angoisse, de stress et de frustrations.
De ne pas trouver de réponses ni de chemin pour avancer encore plus loin dans le débat et la recherche d'avancées m'attriste au plus haut point. Le constat du risque certain d'un questionnement vain devient tellement insupportable !
Ce même ami - appelons-le Ferdinand - souhaitant me rassurer, me confiait ceci :
Je te rassure : tout ça ne sert à rien. Nous allons mourir et nous aurons vécu pour rien, comme les milliards d'autres anonymes avant nous... Il faut l'accepter, accpeter l'absurdité de notre condition : ça soulage. Jouir, David, jouir de l'essentiel : le vin, les livres, l'art et le sexe. Le reste n'en vaut pas la peine...

Voilà ! Vous voyez ? Je fréquente des amis "dangereux" sur le Net. Des amis tentateurs. Des gens certainement infréquentables selon mes parents. Et pourtant, lire la réponse de Ferdinand m'a à la fois rassuré (non, je ne suis pas seul), encouragé (la preuve, ce billet qui réactive mon blog) et fait ... réfléchir ! ;-)
J'ai promis à Ferdinand de lui répondre ici :
À suivre son conseil, il me faudrait donc "jouir" intensément en attendant la Mort !
Mais alors, comment expliquer que plus j'avance dans ma réflexion, moins je "jouis" de la Vie et de ses "plaisirs" rares et variés ?
Au contraire, plus le temps passe, plus je "déjouis". Eh oui, depuis environ quinze ans, par étapes successives et décisions brutales, j'ai supprimé (dans le désordre) : l'alcool, le jeu, les amis (ceux de chair et de sang), le sexe, le tabac, ... Inconsciemment, devenu adepte d'une culture d'un ascétisme alimenté par la peur, l'ennui et la solitude.
Qu'il est difficile le constat du "rien ne sert à rien" ! Il ne faudrait jamais se coucher une nuit d'été, le nez dans les étoiles. C'est tellement difficile et inhumain lorsqu'il faut revenir au quotidien et surtout accepter enfin de s'en contenter.
Plus j'avance, plus je me racrapote, je me ratatine et m'assèche. Comme un oignon laissé à l'ombre dans cave qui sent le renfermé.
Là, au moment-même où j'écris, je me prends à penser "à quoi ça sert puisque tout le monde s'en fout (à juste titre) ?".

À bientôt ... peut-être.
David